Violence harmonique et dysharmonique

Publié le par Antigone soi disant

Comment exprimer la virtuosité du sentiment ? Jouer de la gamme acoustique des émotions, oubliant parfois les transitions, respectant ainsi la chute de l’être, sa fondamentale et douloureuse dysharmonie. Ces sons qui blessent. Passer du grave à l’aigu en une demi-seconde, ou de l’aigu au grave… c’est exprimer le déchirement de l’être, pris dans la violence du choc des contraires : la dimension aérienne de notre être est confrontée à toute la gravité, à toute la pesanteur de notre vie terrestre. Lutte dysharmonique entre ces deux dimensions de l’être.

La musique : subtile variation sur la violence…

 Que l’on préfère la violence  ouverte de la dissonance ou cette violence souterraine - douloureuse mélancolie de l’harmonie acoustique – la violence reste ce phénomène poignant. Poignante dysharmonie, poignante harmonie. La note de musique dysharmonique ou superbement, douloureusement harmonique, c’est toujours ce à quoi nous ne sommes pas préparés, ce qui nous étonne et donc nous touche, nous émerveille et nous perd. La musique explore en nous des régions inconnues, les révèle à nous-mêmes.  Régions entr’aperçues peut-être à travers l’expérience musicale, mais à jamais inconnues… Douloureuse mais fascinante immanence de l’expérience musicale, merveilleuse illusion d’une ontologie musicale. Nous évader de notre corps de chair, de douleur, de chimère terrestre. Mais cette illusion dure seulement le temps d’un morceau. La musique ensuite se dérobe à nous pour retourner vers le mystère inaccessible de sa transcendance. La musique n’aura fait que nous toucher, et nous restons là, pauvres êtres de chair désirant la musique comme une amante inaccessible…

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M
Tes mots sont très justes et tu dis ça très bien... Ay Stellina...<br /> J'aime particulièrement "c'est toujours ce à quoi nous ne sommes pas préparés". Je crois que c'est là que tu tiens l'émotion.
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